tout ce qu’il voyait, tout ce qu’il éprouvait, tout ce qu’il rencontrait en sa vie, il en faisait immédiatement une sorte d’accessoire de sa passion. Il jetait le monde et lui-même en pâture à cette idée fixe. Tout ce qu’il apercevait de beau, de rare, tout ce qu’il imaginait de charmant, il l’offrait aussitôt, mentalement, à sa petite amie, et il n’avait plus une idée qu’il ne rapportât à son amour.
Maintenant, il écoutait au fond de lui-même l’écho des lamentations de Faust ; et le désir de la mort surgissait en lui, le désir d’en finir aussi avec ses chagrins, avec toute la misère de sa tendresse sans issue. Il regardait le fin profil d’Annette et il voyait le marquis de Farandal, assis derrière elle, qui la contemplait aussi. Il se sentait vieux, fini, perdu ! Ah ! ne plus rien attendre, ne plus rien espérer, n’avoir plus même le droit de désirer, se sentir déclassé, à la retraite de la vie, comme un fonctionnaire hors d’âge dont la carrière est terminée, quelle intolérable torture !
Des applaudissements éclatèrent, Montrosé triomphait déjà. Et Méphisto-Labarrière jaillit du sol.
Olivier, qui ne l’avait jamais entendu dans ce rôle, eut une reprise d’attention. Le souvenir d’Obin, si dramatique avec sa voix de basse, puis de Faure, si séduisant avec sa voix de baryton, vint le distraire quelques instants.
Mais soudain, une phrase chantée par Montrosé,