Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Qui est là ? quelle heure est-il ?

Elle répondit :

— C’est moi. J’ai à vous remettre une lettre urgente apportée par un cocher. Il y a un accident.

Il balbutia du fond de ses rideaux :

— Attendez, je me lève. J’arrive.

Et, au bout d’une minute, il se montra en robe de chambre. En même temps que lui, deux domestiques accouraient, réveillés par les sonneries. Ils étaient effarés, ahuris, ayant aperçu dans la salle à manger un étranger assis sur une chaise.

Le comte avait pris la lettre et la retournait dans ses doigts en murmurant :

— Qu’est-ce que cela ? Je ne devine pas.

Elle dit fiévreuse :

— Mais lisez donc !

Il déchira l’enveloppe, déplia le papier, poussa une exclamation de stupeur, puis regarda sa femme avec des yeux effarés.

— Mon Dieu, qu’y a-t-il ? dit-elle.

Il balbutia, pouvant à peine parler, tant son émotion était vive.

— Oh ! un grand malheur !… un grand malheur !… Bertin est tombé sous une voiture.

Elle cria :

— Mort !

— Non, non, dit-il, voyez vous-même.