Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/66

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Son intérêt s’éveilla brusquement, et elle répondit :

— Non, racontez-moi ça ?

Et il narra les détails. Haut, très maigre, portant un gilet blanc, de petits diamants comme boutons de chemise, il parlait sans gestes, avec un air correct qui lui permettait de dire les choses très osées dont il avait la spécialité. Fort myope, il semblait, malgré son pince-nez, ne jamais voir personne, et quand il s’asseyait on eût dit que toute l’ossature de son corps se courbait suivant la forme du fauteuil. Son torse plié devenait tout petit, s’affaissait comme si la colonne vertébrale eût été en caoutchouc ; ses jambes croisées l’une sur l’autre semblaient deux rubans enroulés, et ses longs bras retenus par ceux du siège, laissaient pendre des mains pâles, aux doigts interminables. Ses cheveux et sa moustache teints artistement, avec des mèches blanches habilement oubliées, étaient un sujet de plaisanterie fréquent.

Comme il expliquait à la duchesse que les bijoux de la fille publique assassinée avaient été donnés en cadeau par le meurtrier présumé à une autre créature de mœurs légères, la porte du grand salon s’ouvrit de nouveau, toute grande, et deux femmes en toilette de dentelle blanche, blondes, dans une crème de malines, se ressemblant comme