Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/71

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près d’accord sur ceci : qu’une personne très grasse ne devait pas maigrir trop vite.

Cette observation donna lieu à une revue des femmes connues dans le monde et à de nouvelles contestations sur leur grâce, leur chic et leur beauté. Musadieu jugeait la blonde marquise de Lochrist incomparablement charmante, tandis que Bertin estimait sans rivale Mme Mandelière, brune, avec son front bas, ses yeux sombres et sa bouche un peu grande, où ses dents semblaient luire.

Il était assis à côté de la jeune fille, et, tout à coup, se tournant vers elle :

— Écoute bien, Nanette. Tout ce que nous disons là, tu l’entendras répéter au moins une fois par semaine, jusqu’à ce que tu sois vieille. En huit jours tu sauras par cœur tout ce qu’on pense dans le monde, sur la politique, les femmes, les pièces de théâtre et le reste. Il n’y aura qu’à changer les noms des gens ou les titres des œuvres de temps en temps. Quand tu nous auras tous entendus exposer et défendre notre opinion, tu choisiras paisiblement la tienne parmi celles qu’on doit avoir, et puis tu n’auras plus besoin de penser à rien, jamais ; tu n’auras qu’à te reposer.

La petite, sans répondre, leva sur lui un œil malin, où vivait une intelligence jeune, alerte, tenue en laisse et prête à partir.

Mais la duchesse et Musadieu, qui jouaient aux