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GALANTERIE SACRÉE



Les femmes aujourd’hui aiment la robe du moine. Le moine a toujours aimé la robe des femmes, en tout bien tout honneur.

La galanterie française est morte, dit-on. Les hommes ne s’occupent plus des femmes, on ne cause plus, on ne sait plus marivauder ! Allez voir dans les parloirs des couvents, dans les longs parloirs à cellules vitrées, mystérieuses et sombres, si l’on ne sait plus marivauder.

La politique, les affaires, la Bourse, toutes les préoccupations de la vie pratique ont pris les hommes, les hommes en culottes. Alors, lentement, au nom de la religion du Christ mort de tendresse, les hommes en soutane blanche ont recueilli l’amour des femmes. Ils s’occupent d’elles, consolent leurs tristesses, apaisent les élans tumultueux de leurs cœurs affamés d’inconnu, bercent avec les grands mots vides, les creuses théories, les phrases mé-