Page:Maupassant - Histoire d'un chien, paru dans Le Gaulois, 2 juin 1881.djvu/4

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cria : « Va-t’en, veux-tu te sauver, houe ! houe ! » Elle s’éloigna de deux ou trois pas, et se planta sur son derrière, attendant ; puis, dès que le cocher se remit en marche, elle repartit derrière lui.

Il fit semblant de ramasser des pierres. L’animal s’enfuit un peu plus loin, avec un grand ballottement de ses mamelles flasques ; mais il revint aussitôt que l’homme eut le dos tourné. Alors le cocher François l’appela. La chienne s’approcha timidement, l’échine pliée comme un cercle et toutes les côtes soulevant la peau. Il caressa ces os saillants, et, pris de pitié pour cette misère de bête : « Allons, viens ! » dit-il. Aussitôt elle remua la queue, se sentant accueillie, adoptée, et au lieu de rester dans les mollets du maître qu’elle avait choisi, elle commença à courir devant lui.

Il l’installa sur la paille de l’écurie, puis courut à la cuisine chercher du pain. Quand elle eut mangé tout son soûl, elle s’endormit, couchée en rond.



Le lendemain, les maîtres, avertis par