Page:Maupassant - L’Honneur et l’Argent, paru dans Le Gaulois, 14 février 1882.djvu/9

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En Espagne, jadis, il était, paraît-il, déshonorant pour les femmes de montrer leur pied, j’entends leur pied chaussé, ce petit pied dont la finesse est demeurée légendaire ; il leur fallait s’y prendre de telle sorte qu’elles allassent par les rues sans jamais laisser voir aux passants le bout même de leurs chaussures.

Que faisaient-elles ? Elles portaient de longues, de très longues robes ; et, au lieu de marcher, elles glissaient. Elles glissaient d’une façon particulière, frôlant la terre de la semelle, le bout de la bottine toujours enseveli sous l’étoffe tombante de la jupe ; et, de cette habitude devenue universelle dans le pays, de cette habitude prolongée pendant