Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/147

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— T’es-ti là-haut, Patin ?

Patin ne répondit pas.

Alors elle sortit et, avec une peur affreuse qui lui secouait le cœur, elle monta l’échelle, ouvrit la lucarne, regarda, ne vit rien, entra, chercha et ne trouva pas.

Assise sur une botte de paille, elle se mit à pleurer ; mais, pendant qu’elle sanglotait, traversée d’une terreur poignante et surnaturelle, elle entendit, dans sa chambre, au-dessous d’elle, Patin qui racontait des choses. Il semblait moins en colère, plus tranquille, et il disait :

— Sale temps ! — Gros vent ! — Sale temps ! — J’ai pas déjeuné, nom d’un nom !

Elle cria à travers le plafond :

— Me v’là, Patin ; j’vas te faire la soupe. Te fâche pas, j’arrive.

Et elle redescendit en courant.

Il n’y avait personne chez elle.

Elle se sentit défaillir comme si la Mort la touchait, et elle allait se sauver pour demander secours aux voisins, quand la voix, tout près de son oreille, cria :

— J’ai pas déjeuné, nom d’un nom !

Et le perroquet, dans sa cage, la regardait de son œil rond, sournois et mauvais.