Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/158

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tout le monde ! tout le monde ! ça se voit comme les yeux dans le visage, une chose pareille. Tout le monde le sait, tout le monde le dit. Il n’y a pas à douter. C’est notoire comme une grande fête.

Il ricanait.

— On a cru longtemps aussi que le soleil tournait autour de la terre et mille autres choses non moins notoires, qui étaient fausses. Cet homme adore sa femme ; il en parle avec tendresse, avec vénération. Ça n’est pas vrai.

Elle balbutia, trépignant

— Avec ça qu’il le sait, cet imbécile, ce crétin, ce taré !

Bondel ne se fâchait pas ; il raisonnait.

— Pardon. Ce monsieur n’est pas bête. Il m’a paru au contraire fort intelligent et très fin ; et tu ne me feras pas croire qu’un homme d’esprit ne s’aperçoive pas d’une chose pareille dans sa maison, quand les voisins, qui n’y sont pas, dans sa maison, n’ignorent aucun détail de cet adultère, car ils n’ignorent aucun détail, assurément.

Mme Bondel eut un accès de gaieté rageuse qui irrita les nerfs de son mari.

— Ah ! ah ! ah ! tous les mêmes, tous, tous ! Avec ça qu’il y en a un seul au monde