Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/177

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mi-ventre, glissant l’une en avant, l’autre en arrière, elles touchaient le sol de leur centre par un grand écart rapide, répugnant et drôle.

Leurs cavaliers bondissaient, tricotaient des pieds, s’agitaient, les bras remués et soulevés comme des moignons d’ailes sans plumes, et on devinait, sous leurs masques, leur respiration essoufflée.

Un d’eux, qui avait pris place dans le plus réputé des quadrilles pour remplacer une célébrité absente, le beau "Songe-au-Gosse", et qui s’efforçait de tenir tête à l’infatigable "Arête-de-Veau", exécutait des cavaliers seuls bizarres qui soulevaient la joie et l’ironie du public.

Il était maigre, vêtu en gommeux, avec un joli masque verni sur le visage, un masque à moustache blonde frisée que coiffait une perruque à boucles.

Il avait l’air d’une figure de cire du musée Grévin, d’une étrange et fantasque caricature du charmant jeune homme des gravures de mode, et il dansait avec un effort convaincu, mais maladroit, avec un emportement comique. Il semblait rouillé à côté des autres, en essayant d’imiter leurs gambades ;