Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/181

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Elle s’écria :

— Mon Dieu ! qu’est-ce qu’il a eu ?

Lorsque la chose eut été dite en vingt paroles, elle se rassura, et rassura le médecin lui-même, en lui racontant que, souvent déjà, pareille aventure était arrivée.

— Faut le coucher, monsieur, rien autre chose, il dormira, et d’main n’y paraîtra plus.

Le docteur reprit

— Mais c’est à peine s’il peut parler.

— Oh ! c’est rien, un peu d’boisson, pas autre chose. Il n’a pas dîné pour être souple, et puis il a bu deux vertes, pour se donner de l’agitation. La verte, voyez-vous, ça lui r’fait des jambes, mais ça lui coupe les idées et les paroles. Ça n’est plus de son âge de danser comme il fait. Non, vrai, c’est à désespérer qu’il ait jamais une raison.

Le médecin, surpris, insista :

— Mais pourquoi danse-t-il d’une pareille façon, vieux comme il est ?

— Elle haussa les épaules, devenue rouge sous la colère qui l’excitait peu à peu.

— Ah ! oui, pourquoi ! Parlons-en, pour qu’on le croie jeune sous son masque, pour que les femmes le prennent encore pour un godelureau et lui disent des cochonneries