Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/190

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— C’est pas vrai !

— Oui, sur la tempe gauche. Il y en a quatre.

Il sauta du lit pour courir à la glace.

Il ne les trouvait pas. Alors je lui montrai le premier, le plus bas, le petit frisé, et je lui disais :

— Ça n’est pas étonnant avec la vie que tu mènes. D’ici à deux ans tu seras fini.

Eh bien ! monsieur, j’avais dit vrai, deux ans après on ne l’aurait pas reconnu. Comme ça change vite un homme ! Il était encore beau garçon, mais il perdait sa fraîcheur, et les femmes ne le recherchaient plus. Ah ! j’en ai mené une dure d’existence, moi, en ce temps-là ! il m’en a fait voir de cruelles ! Rien ne lui plaisait, rien de rien. Il a quitté son métier pour la chapellerie, dans quoi il a mangé de l’argent. Et puis il a voulu être acteur sans y réussir, et puis il s’est mis à fréquenter les bals publics. Enfin, il a eu le bon sens de garder un peu de bien, dont nous vivons. Ça suffit, mais ça n’est pas lourd ! Dire qu’il a eu presque une fortune à un moment.

Maintenant vous voyez ce qu’il fait. C’est comme une frénésie qui le tient. Faut qu’il soit jeune, faut qu’il danse avec des femmes