Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/198

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entre nous, et je lui aurais fait peut-être, sur moi-même, s’il les avait sollicitées, ces confidences que, d’ordinaire, on ne livre qu’aux plus anciens camarades.

Certes, il y avait là un mystère. Ces barrières fermées entre tous les êtres, et que le temps pousse une à une, lorsque la sympathie, les goûts pareils, une même culture intellectuelle et des relations constantes les ont décadenassées peu à peu, semblaient ne pas exister entre lui et moi, et, sans doute, entre lui et tous ceux, hommes et femmes, que le hasard jetait sur sa route.

Au bout d’une demi-heure, nous nous séparâmes en nous promettant de nous revoir souvent, et il me donna son adresse après m’avoir invité à déjeuner, le surlendemain.

Ayant oublié l’heure, j’arrivai trop tôt ; il n’était pas rentré. Un domestique correct et muet ouvrit devant moi un beau salon un peu sombre, intime, recueilli. Je m’y sentis à l’aise, comme chez moi. Que de fois j’ai remarqué l’influence des appartements sur le caractère et sur l’esprit ! Il y a des pièces où on se sent toujours bête ; d’autres, au contraire, où on se sent toujours verveux. Les unes attristent, bien que claires, blanches et