Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/20

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son teint d’ivoire doré, ses grands yeux gris et ses cheveux noirs ; et elle monta dans sa voiture sans le regarder, sans paraître même l’avoir aperçu, avec une allure si particulièrement racée, que l’infâme jalousie dont il était depuis si longtemps dévoré le mordit au cœur de nouveau. Il s’approcha, et la saluant :

— Vous allez vous promener ? dit-il.

Elle laissa passer quatre mots entre ses lèvres dédaigneuses.

— Vous le voyez bien !

— Au bois ?

— C’est probable.

— Me serait-il permis de vous accompagner ?

— La voiture est à vous.

Sans s’étonner du ton dont elle lui répondait, il monta et s’assit à côté de sa femme, puis il ordonna :

— Au bois.

Le valet de pied sauta sur le siège auprès du cocher ; et les chevaux, selon leur habitude, piaffèrent en saluant de la tête jusqu’à ce qu’ils eussent tourné dans la rue.

Les deux époux demeuraient côte à côte sans se parler. Il cherchait comment entamer