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Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/266

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La nuit vint, et je dus m’asseoir, dans les ténèbres, sur une de mes chaises, car je ne voulais point m’en aller. De temps en temps je criais : « Holà ! holà ! quelqu’un ! » J’étais là, certes, depuis plus d’une heure quand j’entendis des pas, des pas légers, lents, je ne sais où.

Je faillis me sauver ; mais me raidissant, j’appelai de nouveau, et j’aperçus une lueur dans la chambre voisine.

« Qui est là ? » dit une voix.

Je répondis :

« Un acheteur. » on répliqua :

« Il est bien tard pour entrer ainsi dans les boutiques. ». Je repris :

« Je vous attends depuis plus d’une heure.

— Vous pouviez revenir demain.

— Demain, j’aurai quitté Rouen. » Je n’osais point avancer, et il ne venait pas. Je voyais toujours la lueur de sa lumière éclairant une tapisserie où deux anges volaient au-dessus des morts d’un champ de bataille. Elle m’appartenait aussi. Je dis :

« Eh bien ! Venez-vous ? » Il répondit :