Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/80

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comme deux frères, mais il ne comprenait pas encore, et il bégaya :

— Que me voulez-vous, enfin ?

Alors, le gueux, d’une voix méchante :


— Ce que je veux, mais je veux que vous me reconnaissiez d’abord.

— Qui êtes-vous donc ?

— Ce que je suis ? Demandez-le à n’importe qui sur la route, demandez-le à votre bonne, allons le demander au maire du pays si vous voulez, en lui montrant ça ; et il rira bien, c’est moi qui vous le dis. Ah ! vous ne voulez pas reconnaître que je suis votre fils, papa curé ?

Alors le vieillard, levant ses bras en un geste biblique et désespéré, gémit

— Ce n’est pas vrai.

Le jeune homme s’approcha tout contre lui, face à face.

— Ah ! ça n’est pas vrai. Ah ! l’abbé, il faut cesser de mentir, entendez-vous ?

Il avait une figure menaçante et les poings fermés, et il parlait avec une conviction si violente, que le prêtre, reculant toujours, se demandait lequel des deux se trompait en ce moment.

Encore une fois, cependant, il affirma :