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Page:Maupassant - La Main gauche, OC, Conard, 1910.djvu/266

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LA MAIN GAUCHE.

— Eh bien ! dit le docteur, comment allez-vous, ce matin ?

Elle poussa un profond soupir.

— Oh ! mal, très mal, monsieur, les marques augmentent tous les jours.

Il répondit avec un air convaincu :

— Mais non, mais non, je vous assure que vous vous trompez.

Elle se rapprocha de lui pour murmurer :

— Non. J’en suis certaine. J’ai compté dix trous de plus ce matin, trois sur la joue droite, quatre sur la joue gauche et trois sur le front. C’est affreux, affreux ! Je n’oserai plus me laisser voir à personne, pas même à mon fils, non, pas même à lui ! Je suis perdue, je suis défigurée pour toujours.

Elle retomba sur son fauteuil et se mit à sangloter.

Le médecin prit une chaise, s’assit près d’elle, et d’une voix douce, consolante :

— Voyons, montrez-moi ça, je vous assure que ce n’est rien. Avec une petite cautérisation je ferai tout disparaître.

Elle répondit « non » de la tête, sans une parole. Il voulut toucher son voile, mais elle le saisit à deux mains si fort que ses doigts entrèrent dedans.