Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/107

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baisa Émile sur les joues et s’assit, un peu comme chez lui, le cœur gros tout de même. Mlle Donet lui parut un peu maigrie, un peu pâlie. Elle avait dû rudement pleurer. Elle avait maintenant un air gêné devant lui comme si elle eût compris ce qu’elle n’avait pas senti l’autre semaine sous le premier coup de son malheur, et elle le traitait avec des égards excessifs, une humilité douloureuse, et des soins touchants comme pour lui payer en attention et en dévouement les bontés qu’il avait pour elle. Ils déjeunèrent longuement, en parlant de l’affaire qui l’amenait. Elle ne voulait pas tant d’argent. C’était trop, beaucoup trop. Elle gagnait assez pour vivre, elle, mais elle désirait seulement qu’Émile trouvât quelques sous devant lui quand il serait grand. César tint bon, et ajouta même un cadeau de mille francs pour elle, pour son deuil.