Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/142

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père, comme autrefois. Quand vous recevrez cette lettre, je serai morte, et sous la terre. Alors peut-être pourrez-vous me pardonner.

« Je ne veux pas chercher à vous émouvoir ni à atténuer ma faute. Je veux dire seulement, avec toute la sincérité d’une femme qui va se tuer dans une heure, la vérité entière et complète.

« Quand vous m’avez épousée, par générosité, je me suis donnée à vous par reconnaissance et je vous ai aimé de tout mon cœur de petite fille. Je vous ai aimé ainsi que j’aimais papa, presque autant ; et un jour, comme j’étais sur vos genoux, et comme vous m’embrassiez, je vous ai appelé : « Père », malgré moi. Ce fut un cri du cœur, instinctif, spontané. Vrai, vous étiez pour moi un père, rien qu’un père. Vous avez ri, et vous m’avez dit : Appelle-