Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/159

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fut rentré dans la cuisine, la maîtresse apporta du vin, emplit les verres et demanda avec un défi dans l’œil :

— L’prendrez-vous, c’ti-là ?

Le brigadier, son sabre entre les jambes, semblait soucieux. Certes, il était sûr de le prendre si on voulait bien le lui désigner. Dans le cas contraire, il ne répondait point de le découvrir lui-même. Après avoir longtemps réfléchi, il posa cette simple question :

— Le connaissez-vous, le voleur ?

Un pli de malice normande rida la grosse bouche de Lecacheur qui répondit :

— Pour l’connaître, non, je l’connais point, vu que j’l’ai pas vu vôler. Si j’l’avais vu, j’y aurais fait manger tout cru, poil et chair, sans un coup d’cidre pour l’faire passer. Pour lors, pour dire qui c’est, je l’dirai point, nonobstant, que j’crais qu’c’est çu propre à rien de Polyte.