Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

coiffé d’un mouchoir noué sur la tête, et Trémoulin, dont la barbe blonde luisait.

— Avant ! dit-il.

L’autre rama, nous remettant en marche, au milieu d’un météore, sous le dôme d’ombre mobile qui se promenait avec nous. Trémoulin, d’un mouvement continu, jetait du bois sur le brasier qui flambait, éclatant et rouge.

Je me penchai de nouveau et j’aperçus le fond de la mer. A quelques pieds sous le bateau il se déroulait lentement, à mesure que nous passions, l’étrange pays de l’eau, de l’eau qui vivifie, comme l’air du ciel, des plantes et des bêtes. Le brasier enfonçant jusqu’aux rochers sa vive lumière, nous glissions sur des forêts surprenantes d’herbes rousses, roses, vertes, jaunes. Entre elles et nous une glace admirablement transparente, une glace liquide,