Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/210

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me travaillait, me déchirait me dévorait. Ce n’était pas encore un soupçon, mais le soupçon. Je portais en moi une douleur, une angoisse affreuse, une pensée encore voilée — oui, une pensée avec un voile dessus — ce voile, je n’osais pas le soulever, car, dessous, je trouverais un horrible doute… Un amant !… N’avait-elle pas un amant ?… Songe ! songe ! Cela était invraisemblable, impossible, et pourtant ?…

La figure de Montina passait sans cesse devant mes yeux. Je le voyais, ce grand bellâtre aux cheveux luisants, lui sourire dans le visage, et je me disais : « C’est lui. »

Je me faisais l’histoire de leur liaison. Ils avaient parlé, d’un livre ensemble, discuté l’aventure d’amour, trouvé quelque chose qui leur ressemblait, et de cette analogie avaient fait une réalité.