Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/268

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tiste, elle portait en son cœur le souvenir intolérable de tous les rendez-vous passés, un par semaine en moyenne depuis deux ans, et la pensée qu’un autre allait avoir lieu, tout à l’heure, la crispait d’angoisse de la tête aux pieds. Non pas que ce fût bien douloureux, douloureux comme une visite au dentiste, mais c’était si ennuyeux, si ennuyeux, si compliqué, si long, si pénible que tout, tout, même une opération, lui aurait paru préférable. Elle y allait pourtant, très lentement, à tout petits pas, en s’arrêtant, en s’asseyant, en flânant partout, mais elle y allait. Oh ! elle aurait bien voulu manquer encore celui-là, mais elle avait fait poser ce pauvre vicomte, deux fois de suite le mois dernier, et elle n’osait point recommencer sitôt. Pourquoi y retournait-elle ? Ah ! pourquoi ? Parce qu’elle en avait pris l’habitude, et qu’elle n’avait