Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa compagne qu’il garda toute la soirée, car le populaire n’est pas changeant. On avait rapproché trois tables et, après la première rasade, la procession dédoublée, accrue d’autant de femmes qu’il y avait de mathurins, s’était reformée dans l’escalier. Sur les marches de bois, les quatre pieds de chaque couple sonnèrent longtemps, pendant que s’engouffrait, dans la porte étroite qui menait aux chambres, ce long défilé d’amoureux.

Puis on redescendit pour boire, puis on remonta de nouveau, puis on redescendit encore.

Maintenant, presque gris, ils gueulaient ! Chacun d’eux, les yeux rouges, sa préférée sur les genoux, chantait ou criait, tapait à coups de poings la table, s’entonnait du vin dans la gorge, lâchait en liberté la brute humaine. Au milieu d’eux, Célestin Duclos,