Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout à coup, au moment d’atteindre la porte, je passai devant la grande glace du vestibule qu’elle avait fait poser là pour se voir, des pieds à la tête, chaque jour, en sortant, pour voir si toute sa toilette allait bien, était correcte et jolie, des bottines à la coiffure.

Et je m’arrêtai net en face de ce miroir qui l’avait si souvent reflétée. Si souvent, si souvent, qu’il avait dû garder aussi son image.

J’étais là debout, frémissant, les yeux fixés sur le verre, sur le verre plat, profond, vide, mais qui l’avait contenue tout entière, possédée autant que moi, autant que mon regard passionné. Il me sembla que j’aimais cette glace — je la touchai, — elle était froide ! Oh ! le souvenir ! le souvenir ! miroir douloureux, miroir brûlant, miroir vivant, miroir horrible, qui fait