Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puériles, toute une vision du monde nomade née dans une cervelle d’écureuil qui a sauté de tente en tente, de campement en campement, de tribu en tribu.

Et cela était débité avec l’air sévère que garde toujours ce peuple drapé, avec des mines d’idole qui potine et une gravité un peu comique.

Quand elle eut fini, je m’aperçus que je n’avais rien retenu de cette longue histoire pleine d’événements insignifiants, emmagasinés en sa légère cervelle, et je me demandai si elle ne m’avait pas berné très simplement par ce bavardage vide et sérieux qui ne m’apprenait rien sur elle ou sur aucun fait de sa vie.

Et je pensais à ce peuple vaincu au milieu duquel nous campons ou plutôt qui campe au milieu de nous, dont nous commençons à parler la langue, que nous