Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/51

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vers elle pour l’embrasser elle éloigna sa tête avec vivacité.

Je fus stupéfait et je demandai :

— Eh bien, qu’y a-t-il ?

— C’est Ramadan, dit-elle.

Je me mis à rire.

— Et le Marabout t’a défendu de te laisser embrasser pendant le Ramadan ?

— Oh oui, je suis une Arabe et tu es un Roumi !

— Ce serait un gros péché ?

— Oh oui !

— Alors tu n’as rien mangé de la journée, jusqu’au coucher du soleil ?

— Non, rien.

— Mais au soleil couché tu as mangé ?

— Oui.

— Eh bien, puisqu’il fait nuit tout à fait, tu ne peux pas être plus sévère pour le reste que pour la bouche.