Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/61

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se rouler sur le sable, d’errer, avec les troupeaux, de plaine en plaine, de ne plus sentir sur sa tête, entre les étoiles jaunes du ciel et les étoiles bleues de sa face, autre chose que le mince rideau de toile usée et recousue à travers lequel on aperçoit des grains de feu quand on se réveille dans la nuit.

Elle me fit comprendre cela en termes naïfs et puissants, si justes, que je sentis bien qu’elle ne mentait pas, que j’eus pitié d’elle, et que je lui demandai :

— Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu désirais t’en aller pendant quelque temps ?

— Parce que tu n’aurais pas voulu…

— Tu m’aurais promis de revenir et j’aurais consenti.

— Tu n’aurais pas cru.

Voyant que je n’étais pas fâché, elle riait, et elle ajouta :