Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/141

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— Est-ce bien sûr, ça ? demanda le paysan malin qui flairait un bout de vérité.

Elle répondit précipitamment :

— Je vous le jure, je vous le jure…

Elle cherchait sur quoi jurer, n’osant point invoquer les choses sacrées. Il l’interrompit :

— Il te suivait pourtant dans les coins et il te mangeait des yeux pendant tous les repas. Lui as-tu promis ta foi, hein, dis ?

Cette fois, elle regarda son maître en face.

— Non, jamais, jamais, et je vous jure par le bon Dieu que s’il venait aujourd’hui me demander, je ne voudrais pas de lui.

Elle avait l’air tellement sincère que le fermier hésita. Il reprit, comme se parlant à lui-même :

— Alors, quoi ? Il ne t’est pourtant pas arrivé un malheur, on le saurait. Et puisqu’il n’y a pas eu de conséquence, une fille ne refuserait pas son maître à cause de ça. Il faut pourtant qu’il y ait quelque chose.

Elle ne répondait plus rien, étranglée par une angoisse.