Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/175

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— « Ma pauvre mère, ma pauvre mère ! » Mais l’autre Mme  Caravan, après l’avoir considérée un instant, déclara : — « Bah ! elle a encore une syncope, voilà tout ; c’est pour nous empêcher de dîner, sois-en sûr. »

On porta le corps sur le lit, on le déshabilla complètement ; et tous, Caravan, sa femme, la bonne, se mirent à la frictionner. Malgré leurs efforts, elle ne reprit pas connaissance. Alors on envoya Rosalie chercher le docteur Chenet. Il habitait sur le quai, vers Suresnes. C’était loin, l’attente fut longue. Enfin il arriva et, après avoir considéré, palpé, ausculté la vieille femme, il prononça : — « C’est la fin. »

Caravan s’abattit sur le corps, secoué par des sanglots précipités ; et il baisait convulsivement la figure rigide de sa mère en pleurant avec tant d’abondance que de grosses larmes tombaient comme des gouttes d’eau sur le visage de la morte.

Mme  Caravan la jeune eut une crise convenable de chagrin et, debout derrière son mari, elle poussait de faibles gémissements