Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/81

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ma petite amie l’hommage fidèle de mon souvenir. J’avais le cœur un peu serré en arrivant près de sa tombe. Pauvre chère, elle était si gentille, et si amoureuse, et si blanche, et si fraîche… et maintenant… si on ouvrait ça…

Penché sur la grille de fer, je lui dis tout bas ma peine, qu’elle n’entendit point sans doute, et j’allais partir quand je vis une femme en noir, en grand deuil, qui s’agenouillait sur le tombeau voisin. Son voile de crêpe relevé laissait apercevoir une jolie tête blonde, dont les cheveux en bandeaux semblaient éclairés par une lumière d’aurore sous la nuit de sa coiffure. Je restai.

Certes, elle devait souffrir d’une profonde douleur. Elle avait enfoui son regard dans ses mains, et rigide, en une méditation de statue, partie en ses regrets, égrenant dans l’ombre des yeux cachés et fermés le chapelet torturant des souvenirs, elle semblait elle-même être une morte qui penserait à un mort. Puis tout à coup je devinai qu’elle allait pleurer, je le devinai à un petit mou-