Page:Maupassant - La Politesse, paru dans Le Gaulois, 11 octobre 1881.djvu/3

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Non pas que j’entende par politesse les formules d’obséquiosité qu’on rencontre encore assez souvent ; non pas que je regrette non plus les interminables révérences et les beaux saluts arrondis dont abusaient peut-être nos grands-parents. Je veux parler de cet art perdu d’être bien né, du confortable savoir-vivre qui rendait faciles, aimables, douces, les relations entre ces gens qu’on appelle du « monde ». C’était un art subtil, exquis, une espèce d’enveloppement de fine délicatesse autour des actes et des paroles. On naissait, je crois, un peu avec cela ; mais cela se perfectionnait aussi par l’éducation et par le commerce des hommes bien appris. Les discussions même étaient courtoises. Les querelles ne sentaient point l’écurie.