Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/100

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On traite de nouveau le produit ainsi obtenu en des cuves où il bout et achève de se nettoyer.

La mine où a lieu l’extraction ressemble à toutes les mines. On descend par un escalier étroit, aux marches énormes et inégales, en des puits creusés en plein soufre. Les étages superposés communiquent par de larges trous qui donnent de l’air aux plus profonds. On étouffe, cependant, au bas de la descente ; on étouffe et on suffoque asphyxié par les émanations sulfureuses et par l’horrible chaleur d’étuve qui fait battre le cœur et couvre la peau de sueur.

De temps en temps, on rencontre, gravissant le rude escalier, une troupe d’enfants chargés de corbeilles. Ils halètent et râlent, ces misérables gamins accablés sous la charge. Ils ont dix ans, douze ans, et ils refont, quinze fois en un seul jour, l’abominable voyage, moyennant un sou par descente. Ils sont petits, maigres, jaunes, avec des yeux énormes et luisants, des figures fines aux lèvres minces qui montrent leurs dents, brillantes comme leurs regards.

Cette exploitation révoltante de l’enfance est une des choses les plus pénibles qu’on puisse voir.