Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une île cachée derrière Lipari. Le batelier la nomma : « Salina ». C’est sur elle qu’on récolte le vin de Malvoisie.

Je voulus boire à sa source même une bouteille de ce vin fameux. On dirait du sirop de soufre. C’est bien le vin des volcans, épais, sucré, doré et tellement soufré, que le goût vous en reste au palais jusqu’au soir : le vin du diable.

Le sale vapeur qui m’a amené me remmène. D’abord, je regarde le Stromboli, montagne ronde et haute, dont la tête fume et dont le pied s’enfonce dans la mer. Ce n’est rien qu’un cône énorme qui sort de l’eau. Sur ses flancs, on distingue quelques maisons accrochées comme des coquilles marines au dos d’un rocher. Puis mes yeux se tournent vers la Sicile, où je reviens, et ils ne peuvent plus se détacher de l’Etna accroupi sur elle, l’écrasant de son poids formidable, monstrueux, et dominant de sa tête couverte de neige toutes les autres montagnes de l’île.

Elles ont l’air de naines, ces grandes montagnes, au-dessous de lui ; et lui-même il semble bas, tant il est large et pesant. Pour comprendre les dimensions de ce lourd géant, il faut le voir de la pleine mer.

À gauche, se montrent les rives montueuses de