Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/121

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Il me faut donc parcourir la ville bâtie sur un îlot et séparée de la terre par trois enceintes, entre lesquelles passent trois bras de mer. Elle est petite, jolie, assise au bord du golfe, avec des jardins et des promenades qui descendent jusqu’aux flots.

Puis nous allons aux Latomies, immenses excavations à ciel ouvert, qui furent d’abord des carrières et devinrent ensuite des prisons où furent enfermés, pendant huit mois, après la défaite de Nicias, les Athéniens capturés, torturés par la faim, la soif, l’horrible chaleur de cette cuve et la fange grouillante où ils agonisaient.

Dans l’une d’elles, la Latomie du Paradis, on remarque, au fond d’une grotte, une ouverture bizarre, appelée oreille de Denys, qui venait écouter au bord de ce trou, disait-on, les plaintes de ses victimes. D’autres versions ont cours aussi. Certains savants ingénieux prétendent que cette grotte, mise en communication avec le théâtre, servait de salle souterraine pour les représentations auxquelles elle prêtait l’écho de sa sonorité prodigieuse ; car les moindres bruits y prennent une surprenante résonance.

La plus curieuse des Latomies est assurément