Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marchands divers, et, sous des arcades, les bêtes. Quelques cellules propres, avec des lits et des nattes, sont réservées pour les passants de distinction.

Sur le mur de la terrasse, deux pigeons blancs argentés et luisants nous regardent avec des yeux rouges qui brillent comme des rubis.

Les chevaux ont bu. Nous repartons.

La route se rapproche un peu de la mer, dont nous découvrons la traînée bleuâtre à l’horizon. Au bout d’un cap, une ville apparaît, dont la ligne, droite, éblouissante sous le soleil couchant, semble courir sur l’eau. C’est Hammamet, qui se nommait Put-Put sous les Romains. Au loin, devant nous, dans la plaine, se dresse une ruine ronde qui, par un effet de mirage, semble gigantesque. C’est encore un tombeau romain, haut seulement de 10 mètres, qu’on nomme Kars-el-Menara.

Le soir vient. Sur nos têtes le ciel est resté bleu, mais devant nous s’étale une nuée violette, opaque, derrière laquelle le soleil s’enfonce. Au bas de cette couche de nuages s’allonge sur l’horizon et sur la mer un mince ruban rose, tout droit, régulier, et qui devient, de minute en minute, de plus en plus lumineux à mesure que