Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pani, où mon ami Lombardo en a déjà capturé plus de cinquante individus. »


Ici, l’aventure prend des allures tragi-comiques d’une invraisemblance épique.

À cette époque, les environs de Trapani étaient parcourus, paraît-il, par un brigand nommé Lombardo.

Or, M. Miraglia jeta au panier la lettre de son ami. Le domestique vida le panier dans la rue, puis le ramasseur d’ordures passa et porta dans la plaine ce qu’il avait recueilli. Un paysan, voyant dans la campagne un beau papier bleu à peine froissé, le ramassa et le mit dans sa poche, par précaution ou par un besoin instinctif de lucre.

Plusieurs mois se passèrent, puis cet homme, ayant été appelé à la questure, laissa glisser cette lettre à terre. Un gendarme la saisit et la présenta au juge qui tomba en arrêt sur les mots : intentions meurtrières, pris une autre route, réfugiés, capturés, Lombardo. Le paysan fut emprisonné, interrogé, mis au secret. Il n’avoua rien. On le garda et une enquête sévère fut ouverte. Les magistrats publièrent la lettre suspecte mais, comme ils avaient lu « Petronilla Olivieri »