Page:Maupassant - La guerre, paru dans Gil Blas, 11 décembre 1883.djvu/13

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« L’église de Givonne était pleine de blessés. Sur le seuil, mêlée à la boue, de la paille piétinée faisait un amas qui fermentait.

» Au moment où nous allions entrer, des infirmiers, le tablier gris, maculé de placards rouges, balayaient par la porte d’entrée une sorte de mare fétide comme celle où clapote le sabot des bouchers dans les abattoirs.

» … L’hôpital râlait… Des blessés étaient attachés à leur grabat par des cordes. S’ils bougeaient, des hommes les tenaient aux épaules pour les empêcher de se mouvoir. Et quelquefois une tête blême se dressait à demi au-dessus de la paille et regardait avec des yeux de supplicié l’opération du voisin.

» On entendait des malheureux crier