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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/239

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le rendez-vous

heure ! une heure volée au rendez-vous ! Elle y resterait quarante minutes à peine, et ce serait fini encore une fois.

Dieu ! comme ça l’ennuyait d’aller là-bas ! Ainsi qu’un patient montant chez le dentiste, elle portait en son cœur le souvenir intolérable de tous les rendez-vous passés, un par semaine en moyenne depuis deux ans, et la pensée qu’un autre allait avoir lieu, tout à l’heure, la crispait d’angoisse de la tête aux pieds. Non pas que ce fût bien douloureux, douloureux comme une visite au dentiste, mais c’était si ennuyeux, si ennuyeux, si compliqué, si long, si pénible, que tout, tout, même une opération, lui aurait paru préférable. Elle y allait pourtant, très lentement, à tous petits pas, en s’arrêtant, en s’asseyant, en flânant partout, mais elle y allait. Oh ! elle aurait bien voulu manquer encore celui-là, mais elle avait fait poser ce pauvre vicomte, deux fois de suite le mois dernier, et elle n’osait point recommencer si tôt. Pourquoi y retournait-elle ? Ah ! pourquoi ? Parce qu’elle en avait pris l’habitude, et qu’elle n’avait aucune raison à donner à ce malheureux Martelet quand il voudrait connaître ce pourquoi !