Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous ressemblez beaucoup. Ayez pitié de moi, monsieur. »

Et voilà qu’il se met à rire, ma chère, et il répond : « Bonjour, ma chatte. Tu sais, je la connais, ton histoire. Tu es mariée, c’est deux louis au lieu d’un. Tu les auras. Allons montre-moi la route. »

Et il me pousse ; il referme la porte, et comme je demeurais, épouvantée, en face de lui, il m’embrasse, me prend par la taille et me fait rentrer dans le salon qui était resté ouvert.

Et puis, il se met à regarder tout comme un commissaire-priseur, et il reprend : « Bigre, c’est gentil, chez toi, c’est très chic. Faut que tu sois rudement dans la dèche en ce moment-ci pour faire la fenêtre ! »

Alors, moi, je recommence à le supplier : « Oh ! monsieur, allez-vous-en ! allez-vous-en ! Mon mari va rentrer ! Il va rentrer dans un instant, c’est son heure ! Je vous jure que vous vous trompez ! »

Et il me répond tranquillement : « Allons, ma belle, assez de manières comme ça. Si ton mari rentre, je lui donnerai cent sous pour aller prendre quelque chose en face. »

Comme il aperçoit sur la cheminée la photographie de Raoul, il me demande :

— C’est ça, ton... ton mari ?

— Oui, c’est lui.