Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/126

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— Et tu te plains ?

— Mais… mais… vois-tu, ma chère, c’est que… il a dit… qu’il reviendrait demain… à la même heure… et j’ai… j’ai une peur atroce… Tu n’as pas idée comme il est tenace… et volontaire… Que faire… dis… que faire ?

La petite marquise s’assit dans son lit pour réfléchir ; puis elle déclara brusquement :

— Fais-le arrêter.

La petite baronne fut stupéfaite. Elle balbutia :

— Comment ? Tu dis ? A quoi penses-tu ? Le faire arrêter ? Sous quel prétexte ?

— Oh ! c’est bien simple. Tu vas aller chez le commissaire ; tu lui diras qu’un monsieur te suit depuis trois mois ; qu’il a eu l’insolence de monter chez toi hier ; qu’il t’a menacée d’une nouvelle visite pour demain, et que tu demandes protection à la loi. On te donnera deux agents qui l’arrêteront.

— Mais, ma chère, s’il raconte…

— Mais on ne le croira pas, sotte, du moment que tu auras bien arrangé ton histoire au commissaire. Et on te croira, toi, qui es une femme du monde irréprochable.

— Oh ! je n’oserai jamais.

— Il faut oser, ma chère, ou bien tu es perdue.