Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/157

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J’eus envie de dire : « Amenez votre bonne, pour voir la tête de Marchas », mais je n’osai point.

Je repris :

— Parmi vos paroissiens restés dans le village, en voyez-vous quelqu’un ou quelqu’une que je puisse inviter aussi ?

Il hésita, chercha et déclara :

— Non, personne ! J’insistai :

— Personne !… Voyons, monsieur le curé, cherchez. Ce serait très galant d’avoir des dames. Je m’entends, des ménages ! Est-ce que je sais, moi ? Le boulanger avec sa femme, l’épicier, le… le… le… l’horloger… le… le cordonnier… le… le pharmacien avec la pharmacienne… Nous avons un bon repas, du vin, et serions enchantés de laisser un bon souvenir aux gens d’ici.

Le curé médita longtemps encore, puis prononça avec résolution :

— Non, personne.

Je me mis à rire :

— Sacristi ! monsieur le curé, c’est ennuyeux de n’avoir pas une reine, car nous avons une fève. Voyons, cherchez. Il n’y a pas un maire marié, un adjoint marié, un conseiller municipal marié, un instituteur marié ?…