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Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/243

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sonnaient, des hommes en blouse bleue, des femmes en bonnet blanc, soit à pied, soit montés en des charrettes, commençaient à passer sur les chemins, allant aux villages voisins fêter le dimanche chez des amis, chez des parents.

Un gros paysan parut, poussant devant lui une vingtaine de moutons inquiets et bêlants qu’un chien rapide maintenait en troupeau.

Randel se leva, salua : « Vous n’auriez pas du travail pour un ouvrier qui meurt de faim ? » dit-il.

L’autre répondit en jetant au vagabond un regard méchant : u — Je n’ai point de travail pour les gens que je rencontre sur les routes.

Et le charpentier retourna s’asseoir sur le fossé.

Il attendit longtemps ; regardant défiler devant lui les campagnards, et cherchant une bonne figure, un visage compatissant pour recommencer sa prière.

Il choisit une sorte de bourgeois en redingote, dont une chaîne d’or ornait le ventre.

— Je cherche du travail depuis deux mois, dit-il. Je ne trouve rien ; et je n’ai plus un sou dans ma poche.

Le demi-monsieur répliqua : « Vous auriez