des oiseaux qui n’ont pas même la peine de battre de l’aile.
Tout souvenir a disparu de nos âmes, tout souci a quitté nos pensées, nous n’avons plus de regrets, de projets, ni d’espérances. Nous regardons nous sentons, nous jouissons éperdument de ce voyage fantastique ; rien que la lune et nous dans le ciel ! Nous sommes un monde vagabond, un monde en marche, comme nos sœurs les planètes ; et ce petit monde en marche porte cinq hommes qui ont quitté la terre et l’ont déjà presque oubliée. On y voit maintenant comme en plein jour ; nous nous regardons surpris de cette clarté, car nous n’avons à regarder que nous et quelques nuages d’argent qui flottent plus bas. Les baromètres indiquent douze cents mètres, puis treize, puis quatorze, puis quinze cents ; et les feuilles de papier de riz tombent toujours autour de nous.
Le capitaine Jovis affirme que la lune souvent a fait ainsi s’emballer les aérostats et que le voyage en haut va continuer.
Nous sommes maintenant à deux mille mètres ; nous montons encore à deux mille trois cent cinquante mètres, le ballon enfin s’arrête.
Et nous faisons mugir la sirène, surpris qu’on ne nous réponde point des étoiles.