Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/276

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perdue de vue, que mon voisin Paul Bessand me demande : « Ne voyez-vous rien sur la droite et devant vous ? On dirait un fleuve. »

Devant nous, en effet, s’étend au loin une ligne lumineuse, sous la clarté de l’aube. Oui, cela a l’air d’un fleuve, d’un immense fleuve, avec des îles dedans.


« Préparons la descente », dit le capitaine. Il fait rentrer dans la nacelle M Mallet toujours perché dans son filet ; puis on serre les baromètres et tous les objets durs qui pourraient nous blesser dans les secousses.

M. Bessand s’écrie : « Mais voilà des mâts de navires à gauche. Nous sommes à la mer. »

Des brumes nous l’avaient cachée jusque-là. La mer était partout, à gauche et en face, tandis qu’à notre droite l’Escaut, joint à la Meuse, étendait jusqu’à la mer ses bouches plus vastes qu’un lac.

Il fallait descendre en une minute ou deux.

La corde de la soupape, religieusement enfermée dans un petit sac de toile blanche et placée bien en vue afin qu’elle ne soit touchée par personne, fut deroulée, et M. Mallet la tient en main, tandis que le capitaine Jovis cherche au loin une place favorable.