Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/34

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Elle hésita encore, réfléchissant. Je devinai le travail torturant de sa pensée. Elle ne savait pas. Elle savait seulement qu’elle devait m’emprunter cinq mille francs pour son mari. Donc elle osa mentir.

— Oui, il m’a écrit.

— Quand donc ? Vous ne m’avez parlé de rien, hier.

— J’ai reçu sa lettre ce matin.

— Pouvez-vous me la montrer ?

— Non… non… non… elle contenait des choses intimes… trop personnelles… je l’ai… je l’ai brûlée.

— Alors, c’est que votre mari fait des dettes.

Elle hésita encore, puis murmura :

— Je ne sais pas.

Je déclarai brusquement :

— C’est que je ne puis disposer de cinq mille francs en ce moment, ma chère cousine.

Elle poussa une sorte de cri de souffrance. ― Oh ! oh ! je vous en prie, je vous en prie, trouvez-les…

Elle s’exaltait, joignait les mains comme si elle m’eût prié ! J’entendais sa voix changer de ton ; elle pleurait et bégayait, harcelée, dominée par l’ordre irrésistible qu’elle avait reçu.

― Oh ! oh ! je vous en supplie… si vous