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AU BOIS

Champioux jusqu’à la frontière d’Argenteuil. Il n’avait rien remarqué d’insolite dans la campagne sinon qu’il faisait beau temps et que les blés allaient bien, quand le fils aux Bredel, qui binait sa vigne, avait crié :

— Hé, père Hochedur, allez voir au bord du bois, au premier taillis, vous y trouverez une couple de pigeons qu’ont bien cent trente ans à eux deux.

Il était parti dans la direction indiquée ; il était entré dans le fourré et il avait entendu des paroles et des soupirs qui lui firent supposer un flagrant délit de mauvaises mœurs.

Donc, avançant sur ses genoux et sur ses mains comme pour surprendre un braconnier, il avait appréhendé le couple présent au moment où il s’abandonnait à son instinct.

Le maire stupéfait considéra les coupables. L’homme comptait bien soixante ans et la femme au moins cinquante-cinq.

Il se mit à les interroger, en commençant par le mâle, qui répondait d’une voix si faible qu’on l’entendait à peine.

— Votre nom ?

— Nicolas Beaurain.

— Votre profession ?

— Mercier, rue des Martyrs, à Paris.

— Qu’est-ce que vous faisiez dans ce bois ?

Le mercier demeura muet, la tête baissée sur