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L’AUBERGE

luisants, enfermés, bloqués, ensevelis sous la neige qui monte autour d’eux, enveloppe, étreint, écrase la petite maison, s’amoncelle sur le toit, atteint les fenêtres et mure la porte.

C’était le jour où la famille Hauser allait retourner à Loëche, l’hiver approchant et la descente devenant périlleuse.

Trois mulets partirent en avant, chargés de hardes et de bagages et conduits par les trois fils. Puis la mère, Jeanne Hauser, et sa fille Louise montèrent sur un quatrième mulet, et se mirent en route à leur tour.

Le père les suivait accompagné des deux gardiens qui devaient escorter la famille jusqu’au sommet de la descente.

Ils contournèrent d’abord le petit lac, gelé maintenant au fond du grand trou de rochers qui s’étend devant l’auberge, puis ils suivirent le vallon clair comme un drap et dominé de tous côtés par des sommets de neige.

Une averse de soleil tombait sur ce désert blanc éclatant et glacé, l’allumait d’une flamme aveuglante et froide ; aucune vie n’apparaissait dans cet océan des monts ; aucun mouvement dans cette solitude démesurée ; aucun bruit n’en troublait le profond silence.

Peu à peu, le jeune guide Ulrich Kunsi, un grand suisse aux longues jambes, laissa derrière