en pensant à son compagnon. Et son âme, à peine libre, s’était envolée vers l’auberge où dormait Ulrich, et elle l’avait appelé de par la vertu mystérieuse et terrible qu’ont les âmes des morts de hanter les vivants. Elle avait crié, cette âme sans voix, dans l’âme accablée du dormeur ; elle avait crié son adieu dernier, ou son reproche, ou sa malédiction sur l’homme qui n’avait point assez cherché.
Et Ulrich la sentait là, tout près, derrière le mur, derrière la porte qu’il venait de refermer. Elle rôdait, comme un oiseau de nuit qui frôle de ses plumes une fenêtre éclairée ; et le jeune homme éperdu était prêt à hurler d’horreur. Il voulait s’enfuir et n’osait point sortir ; il n’osait point et n’oserait plus désormais, car le fantôme resterait là, jour et nuit, autour de l’auberge, tant que le corps du vieux guide n’aurait pas été retrouvé et déposé