Page:Maupassant - Le Horla.djvu/357

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du pain, dans l’autre la bouteille d’eau-de-vie, et, à pas furtifs, gagna la fenêtre et regarda la route.

Elle était encore toute vide. Il sauta et se remit en marche ; mais, au lieu de suivre le grand chemin, il fuit à travers champs vers un bois qu’il apercevait.

Il se sentait alerte, fort, joyeux, content de ce qu’il avait fait et tellement souple qu’il sautait les clôtures des champs, à pieds joints, d’un seul bond.

Dès qu’il fut sous les arbres, il tira de nouveau la bouteille de sa poche, et se remit à boire, par grandes lampées, tout en marchant. Alors ses idées se brouillèrent, ses yeux devinrent troubles, ses jambes élastiques comme des ressorts.

Il chantait la vieille chanson populaire :

Ah ! qu’il fait donc bon
Qu’il fait donc bon
Cueillir la fraise.